Pour lire l’article de présentation du programme de cette journée, cliquez-ici.
Le vendredi 5 juillet 2013, les Amis du Parc de Chartreuse ont organisé en partenariat avec le Parc de Chartreuse et le laboratoire Edytem (Université de Savoie) une soirée d’échanges sur les questions liées à l’eau.
L’objectif de ce bistr’eau était de recueillir la connaissance des habitants et de faire connaître le projet d’observatoire de l’eau qui est actuellement en développement sur le périmètre du Parc de Chartreuse.
Accueillis par les gérants du Bar-Restaurant Le Relais des Alpes, les participants venus essentiellement de la commune ont eu l’occasion de partager leurs savoirs et leurs points de vue sur l’eau à St Thibaud de Couz.
En introduction, Denis Blanquet, Maire de St Thibaud de Couz, a évoqué le contexte général de la commune, située entre les massifs du Jura et des Alpes. Elle possède une densité forestière très élevée qui engendre une gestion importante.
La commune est alimentée par trois sources principales qui sont toutes situées sur le côté du massif alpin. Elles sont, à l’heure actuelle, amplement suffisantes pour assurer l’alimentation en eau de l’ensemble des habitants.
A noter que depuis le 1er janvier 2013, c’est le Syndicat Intercommunal d’Alimentation en Eau Potable du Thiers (SIAEP) qui gère l’approvisionnement en eau potable.
Aurore Provent, des Amis du Parc de Chartreuse, a enchaîné avec une présentation de l’association avant de laisser la parole à Bérangère Serroi, doctorante au laboratoire EDYTEM (Université de Savoie) et chargée de mission du Parc de Chartreuse, qui a présenté le projet d’Observatoire de l’Eau "Chartreuse-Guiers" mené conjointement par les structures suivantes :
– Le Parc naturel régional de Chartreuse
– Le SIAGA, interdépartemental d’aménagement du Guiers et de ses affluents
– Le laboratoire Edytem
– Les Amis du Parc de Chartreuse
Ce projet participatif permettra d’enrichir les connaissances en eau sur le territoire, et dont le bistr’eau est inclus dans cette démarche.
Après une présentation du déroulement de la soirée par Fabien Hobléa, enseignant-chercheur à l’Université de Savoie, une première animation ludique a été proposée autour des expressions multiples et variées sur l’eau. Les participants ont ensuite pu proposer des expressions, qu’elles soient locales ou non, telles que :
– Une dose de Ricard, une dose d’eau
– Partir en vau-l’eau
– Au vingt cent eaux
– L’eau va toujours à l’Hyères
La première partie de cette soirée était consacrée à la mémoire et à la culture de cette ressource au niveau locale.
L’animation s’est poursuivie par évocation des noms de lieux liés à l’eau (toponymie et hydronymes) autour des communes de St Thibaud de Couz, St Jean de Couz, Corbel et Vimines.
D’après un habitant de Vimines, ce nom viendrait de Vimene = "Osier" ou "Saule".
Denis Blanquet a notamment parlé de la possible signification de la "Gorgeat" comme étant un dérivé de "coup de gorge". Cela viendrait du fait que les anciens avaient creusé la falaise (où se trouve actuellement le ruisseau de la Gorgeat) afin de pouvoir faire passer les bois d’exploitation.
Nous avons profité de la présence de personnes faisant partie de l’association de pêche de la Gaule des Coudans pour leur demander l’origine du nom du lac de la Pisserotte. Ce nom a été hérité de celui du petit cours d’eau de la Pisserotte qui était déjà présent avant que l’association de pêcheurs ne créée le lac.
Les participants ont ensuite été invités à partager leur connaissance des événements marquants liés à l’eau sur leur commune. L’exemple de la grotte de la Folatière fût rapidement cité comme étant un événement majeur sur le Val de Couz. Le dernier épisode date de 2002 où toute la zone de Côte Barrier avait entièrement été inondée.
Ces grottes souterraines correspondent à la partie amont des grottes de St Christophe qui, lorsque le niveau d’eau est trop important, créée un phénomène d’inondation très rapide avec un effet de "bouchon de sable". La périodicité entre ces inondations semble être d’environ 10 ans.
Fabien Hobléa apporta quelques éclaircissements des caractéristiques géologiques de ces grottes ainsi que le phénomène d’inondation que cela génère.
Les habitants locaux disent que le nom de "Folatière" viendrait du fait que c’est une eau "folle" dont on ne sait jamais exactement quand elle arrive !
La seconde partie de cette soirée a ensuite été consacrée à la gestion de l’eau sur la commune.
C’est Fabien Hobléa qui a animé cette partie en proposant aux participants de venir placer sur un fond de carte IGN tous les réservoirs et captages de St Thibaud de Couz. Il a aussi été demandé de préciser quel réservoir alimentait quels hameaux, ce qui a permis d’obtenir très rapidement une carte mentale de la vision des habitants sur l’organisation du réseau d’eau potable.
Une carte très complète et d’une grande justesse !
Nous avons appris à l’occasion que l’alimentation en eau potable sur St Thibaud de Couz date d’environ 60 ans. Les premiers réseaux alimentaient les bassins puis le captage des Patrons. Ce captage n’est aujourd’hui plus utilisé (captage de secours en cas de sécheresse) car l’eau venant de cette source est trop turbide pour rentrer dans les normes de potabilité.
La Gorgeat, parlons-en !
Début juin, les Amis du Parc de Chartreuse avaient organisés en partenariat avec le Parc de Chartreuse et le laboratoire Edytem une action de traçages participatifs sur deux sites du Val de Couz. L’une des hypothèses était justement de vérifier la possible corrélation entre le point d’injection du colorant (gouffre de l’aven Christine - pointe sud du massif de la Cochette et la source de la Gorgeat (St Thibaud de Couz).
Cette soirée a été l’occasion de proposer un premier retour sur les résultats des traçages participatifs.
Pour voir l’article du compte-rendu des traçages participatifs, cliquez-ici.
Fabien Hobléa a décrit l’objet et le but de ces actions ainsi que les personnes qui ont pris part au projet. Les élèves de l’école de St Thibaud qui avaient activement participé au traçage du 7 juin au pont de la Praire sur l’Hyères, ont par la suite élaborés des panneaux qui expliquaient l’action. Ces derniers ont été affichés dans la salle pour permettre un partage de cette expérience.
Après la surveillance de 13 points d’eaux entre Corbel et St Cassin pendant 1 mois (grâce à l’aide précieuse du SIAEP sur St Thibaud et St Jean de Couz et de Luc Fanton sur Corbel), les résultats suivants sont apparus (05 juillet 2013) :
– la fluorescéine n’est ressortie ni au niveau de Corbel, ni à St Thibaud de Couz, ni à St Jean de Couz.
– Le 2 juillet, le passage du colorant a été identifié (invisible à l’œil nu mais détecté par les appareils de mesure) au niveau de la combe de St Cassin. C’est donc au point le plus éloigné de l’injection (qui était également sous surveillance) que le colorant est apparu au bout d’un mois !
Vous pouvez visionner ci-dessous les diaporamas concernant les premiers résultats du traçage :
Après une pause, la soirée s’est conclue par un partage des craintes et des espoirs, des problématiques et des solutions concernant l’évolution de l’utilisation de l’eau. Les personnes avaient préalablement été invitées à faire part de leurs observations sur des post-it, qui ont ensuite été détaillés.
Cela a donné lieu à un échange riche lors duquel ont été notamment évoqués les sujets suivants :
– quelles sont les conséquences internes du manque d’eau pour les glaciers ?
– l’eau a t-elle une mémoire ? En quoi la structure moléculaire de l’eau permet de conserver les propriétés de l’eau ?
– le phénomène de pollution de l’Hyères par le biais de la route départementale
La fusion des glaciers est en effet grandement amorcée par le réchauffement général observé ces dernières années. Aux alentours, ce sont essentiellement les petits glaciers et névés qui sont très fragilisés. Beaucoup d’entre eux n’existent plus, ce qui favorise l’apparition de plus fortes périodes d’étiages en été (basses eaux).
Ceci serait en partie dû à la perte des exploitations agricoles sur les hauteurs, favorisant la fermeture du paysage en espace forestier. Les arbres absorbent l’eau précipitée en grande quantité, ce qui pourrait avoir une influence sur l’assèchement des cours d’eaux en aval.
Chambéry Métropole a lancé un programme de retenu d’eau sur les collines intitulé "projet de l’Épine". Ceci pourrait permettre de stocker la ressource en eau en amont comme dans le principe des réservoirs d’altitude.
Concernant la pollution de l’Hyères par la route, il a été proposé par une des personnes présentes de sensibiliser les passants en accentuant le nombre de panneaux tels qu’il a été fait plus en aval vers Chambéry : "Hyères, les eaux du Bourget du Lac". On prend conscience ainsi que l’eau peut aussi venir de loin !
En conclusion, Fabien Hobléa a souligné l’importance de l’implication de la population dans la connaissance et gestion de cette ressource. L’observatoire de l’eau permettra d’ailleurs de poursuivre la démarche initiée dans les bistr’eaux en permettant de centraliser ces informations pour pouvoir engager des actions.
Ce fut un bistr’eau conviviale et riche en échanges d’informations.
Les Amis du Parc remercient les restaurateurs du Relais des Alpes qui ont proposé encas et boisson, ceci dans une simplicité et une convivialité très appréciée.
Pour plus d’informations sur les prochains bistr’eaux (dates et localisations), vous pouvez demander, si ce n’est pas le cas, à recevoir l’agenda des Amis du Parc de Chartreuse qui est communiqué par email tous les mois. Pour cela, rendez-vous sur le formulaire de contact en cliquant ici ou bien envoyez un email à amis-chartreuse@laposte.net
Ces opérations ont été organisées grâce au soutien des partenaires suivants :