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Ce samedi 22 juin, une quinzaine de personnes se sont retrouvées pour randonner aux abords de la Roize lors d’une journée ensoleillée.
Jean-Pierre BLAZIN, archéologue des paysages, fut notre chef d’orchestre tout au long de cette journée. En plus de nous avoir apporté un peu de sa culture, il a assuré le lien entre les différents intervenants.
La journée a débuté par la visite de l’atelier de sculpture de Catherine MAMET accompagnée d’une démonstration de gravure sur pierre.
Vers 9h30, nous avons fait la présentation des intervenants, des structures organisatrices et du principe des "Retours aux Sources" avant de commencer la randonnée.
L’architecture locale, un patrimoine historique omniprésent
En traversant le petit village de Pommiers-La-Placette, nous nous sommes arrêtés devant l’église. Cette dernière est basée sur la structure d’une arche de triomphe, symbole trinitaire.
Nous avons pu découvrir l’importance de l’utilisation de la molasse dans la construction des habitations locales.
Issue des dépôts sédimentaires marins, la molasse est ensuite solidifiée par l’apport en calcaire et développe des propriétés imperméables.
Les maisons utilisent les pierres de type calcaire sur les parties basses des maisons pour prévenir les arrivées d’eau. Pour ce qui est de la molasse, étant donné qu’elle est tendre et facile à tailler, on la retrouve aussi très souvent sur les encadrements de portes et de fenêtres.
Il existe deux types de molasses aux alentours :
– la burdigalienne (couleur verte)
– la helvétienne (couleur grise)
A ce sujet, deux hypothèses se dessinent quant à l’origine du nom de lieu "Malossane" à proximité duquel nous sommes passés :
– il pourrait effectivement venir du terme "molasse", ce qui serait confirmé par la présence d’une carrière de molasse à proximité.
– cela pourrait également être un dérivé de "mala" = mauvais / "sagna" = sagne, soit le mauvais marais. Même si a priori le secteur ne paraît pas être spécialement marécageux, cela ne veut pas dire qu’il ne l’a pas été.
Sur de nombreuses maisons se trouvent d’anciennes inscriptions et gravures, très souvent des croix religieuses. La tradition consistait à les réaliser suite à la construction, afin de protéger les habitants et de leur accorder fertilité et prospérité.
Sur beaucoup d’habitations on peut encore observer les balcons en bois situés sous les toits qui servaient à entreposer les noix pour les faire sécher.
Arrêt à la Maison de l’Ange de Pommiers-La-Placette
Cette fresque représente un patrimoine historique très important sur la commune. Ayant anciennement appartenu à Paul REYNAUD que nous avons rencontré sur le chemin, cette maison était autrefois une auberge où était inscrit "on loge à pied et à cheval".
Nous sommes ensuite passé par le hameau de l’ancienne église qui comme son nom l’indique abritait autrefois un lieu de culte. Aujourd’hui, on ne trouve plus qu’une grande croix en fer.
Nous avons emprunté un chemin qui fut anciennement creusé par les fermiers de Pommiers. Sur la route, de beaux conglomérats de pouding se dessinent (ciment naturel situé en dessous de la couche de molasse et composé de ciment de sable, de blocs et de galets). Nous les retrouverons à plusieurs reprises le long du circuit.
Arrivés aux bords de la Roize, Jean-Pierre BLAZIN nous a conté un texte de Saint-Exupéry... "L’eau tu n’as ni goût ni couleur [...]"
Un peu d’histoire autour de la Roize
Paul GIRARD, de l’association COREPHA a ensuite pris la parole pour nous décrire le paysage de la Roize et de quelle façon celle-ci a influencé les populations aux abords :
– La Roize est un cours d’eau à régime torrentiel qui descend des montagnes des Banettes au sein du massif de la Chartreuse.
Elle connaît donc par définition des périodes de crues comme des périodes d’étiage (basses eaux).
– Le cours d’eau passe par les Goureaud ("Gour" = gorge / "eaud" = qui vient d’en haut).
– La Roizette, qui est le petit torrent qui traverse aussi Pommiers-La-Placette et qui rejoint le lit de la Roize, connaît un débit plus important que cette dernière. Les crues de la Roize sont en fin de compte plus influencées par le débit de la Roizette. C’est d’ailleurs les caprices de celle-ci qui ont causé de gros dégâts sur le bourg de Voreppe en 1971 !
– Sur le plan industriel, la Roize a été très tôt un moteur économique pour Voreppe avec la création d’usines, de moulins et de cimenteries.
A noter que Voreppe eu accès à l’électricité et à l’éclairage en ville dès 1892 !
Arrêt à un ancien canal de la Roize
Ce canal servait de dérivation du cours d’eau de la Roizette vers la Roize. Il servait à récupérer l’eau pour actionner les moulins de Voreppe.
Arrêt au barrage de la Roize
Jean-Pierre BLAZIN proposa une lecture du paysage originale face à un monument tel que celui-ci. Il illustre cet espace par la théorie du "tiers-paysages". Cette dernière correspond à un espace laissé à lui-même et où la nature reprend peu à peu ses droits.
Nous avons ensuite traversé la Roize sous le barrage afin d’aller visiter les anciennes carrières de molasses situées quelques mètres plus loin.
Arrêt à la cascade de Bacodière
Cette cascade est composée d’une grande quantité de tuff, qui n’est ni plus ni moins qu’un dépôt de calcaire sur des végétaux. Le tuff était très souvent utilisé pour la construction car c’est une matière très malléable.
A midi, nous sommes montés nous restaurer sur les hauteurs de Voreppe.
Sur le chemin du retour, Jean-Pierre BLAZIN nous a montré un polissoir du néolithique situé un plein milieu du sentier. Ces polissoirs servaient à polir les pièces osseuses. Cela pourrait correspondre aux anciennes pierres à cupules (petites pierres creusés sur 15 cm en forme circulaire, datant du néolithique et dont l’utilité est encore inconnue). Paul Girard nous a indiqué qu’une présence ancienne des hommes sur ce territoire était en effet attestée.
Des plantes au rendez-vous
Au fil de la balade, nous avons pu rencontrer quelques plantes remarquables telles que :
– la Corneille des bois, ou Lysimaque des bois
– le Lys Martagon Blanc (qu’il est plus courant de le trouver rose dans nos régions)
– le Géranium Robert, anciennement appelé Herbe à Rubert mais qui a subit ensuite des déformations de la langue
– les Fraises des bois
– l’arbre à papillon, ou le Bubbleia
– la Fougère scolopendre
– le Sceau de Salomon
– l’Origan sauvage
– le Thym Serpolet
– les fleurs de Sureau ...
Un peu de dendrochronologie
Les arbres sont de réels livres qui conservent la mémoire des perturbations climatiques et environnementaux.
Jean-Pierre BLAZIN et Ann-Lou TURLOT sont intervenus sur la dendrochronologie autour de quelques troncs d’arbres.
L’étude des cernes des arbres est une science qui permet à la fois de déterminer l’âge de l’arbre mais aussi les possibles perturbations.
Chaque année l’arbre crée un cerne noir ainsi qu’un cerne plus clair. Ces cernes sont plus ou moins larges selon l’apport en soleil et eau que l’arbre reçoit. On peut de cette façon détecter des années de sécheresse ou à l’inverse des années plutôt généreuses. Il arrive aussi que l’arbre subisse des traumatismes (crue, éboulement, avalanche...) qui vont l’impacter et lui laisser des traces comme par exemple des "nœuds".
La marche a repris son cours et nous avons traversé la forêt pour rejoindre Pommiers-La-Placette par les hauteurs pour revenir vers 15h45 à l’atelier de sculpture.
La fin de la sortie s’est conclue autour d’une démonstration de sourcier par Jean-Pierre BLAZIN.
L’eau a été un véritable fil conducteur en nous suivant sous différentes thématiques tout au long de notre parcours !
Cette sortie s’inscrit dans un programme d’actions autour de l’eau au cœur de la Chartreuse dont nous vous invitons à consulter les comptes rendus 2013 ainsi que la présentation des événements à venir :
ÉVÉNEMENT | TYPE D’ACTIVITÉ | DATE DE L’ÉVÉNEMENT | LIEU DE L’ÉVÉNEMENT | INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES |
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L’eau parlons en au bistr’eau | Café thématique | Vendredi 18 janvier | Le-Sappey-en-Chartreuse | Compte-rendu |
L’eau parlons en au bistr’eau | Café thématique | Jeudi 4 avril | Coublevie | Compte-rendu |
Retour aux sources du Cozon | Sortie thématique | Samedi 18 mai | Entremont-le-Vieux | Compte-rendu |
Traçage participatif | Atelier participatif | 7 et 9 juin | Saint-Thibaud-de-Couz | Compte-rendu |
L’eau parlons en au bistr’eau | Café thématique | Vendredi 5 juillet | St Thibaud de Couz | Article de présentation ici |
Merci à nos partenaires :
– La commune de Pommiers-la-Placette qui nous a accueilli
– L’association COREPHA
– L’ Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse
– Si vous souhaitez soutenir les actions de notre association, n’hésitez pas à adhérer en complétant le formulaire ICI.
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